Le monde merveilleux de la fast fashion (2/2)

 

Partie 2 : l’impact social

 

Avez- vous réussi à digérer la première partie sur “Le monde merveilleux de la fast fashion » ? Non ? Dommage car ce n’est pas fini ! 

 

“Traite les autres comme tu voudrais être traité”, ou encore, “Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse”, ce sont des règles d’or. Malheureusement, la règle n’est pas toujours respectée dans notre monde moderne, surtout dans le domaine de la mode. Car nous occidentaux, européens, français, aimerions-nous travailler pour 0,28€ de l’heure ? Non, et pourtant c’est ce que gagne un ouvrier ou une ouvrière du textile au Bangladesh.

 

Pour rédiger cet article, je me suis appuyée sur l’infographie de l’Ademe, l’e-book d’Oxfam.

 

 

Un goût amer

 

“ Merveilleux un tee-shirt à 8,99€ ! Il est moins cher d’un euro, par rapport à la semaine dernière. Super, merci les entreprises du textile.” 

En même temps ce n’est pas difficile.

 

L’industrie du textile c’est 75 millions d’emplois à travers le monde, 65 millions en Asie-Pacifique et 80% sont des femmes.

Pour les pays d’Asie comme le Bangladesh, le Vietnam, l’Indonésie, le Cambodge ou l’Inde, le salaire minimum est inférieur à 1$ de l’heure.

[* Excellent Smithers, investissons dans une marque de textile en Asie, on sera pépouze avec les salariés !  *]

 

59% des vêtements produits au Bangladesh sont vendus en Europe. Le Bangladesh est le pays qui a connu la plus grosse catastrophe de la fast fashion : l’effondrement du Rana Plaza en 2013. C’est aussi le pays avec le plus bas salaire au monde, 0,33$ de l’heure, soit 0,28€ de l’heure [* M-E-R-veilleux *].

C’est 37 fois moins que le smic brut horaire en France, peut-on dire que la vie est 37 fois moins chère au Bangladesh ? Suivant les sites, le coût de la vie au Bangladesh est de 53% à 56% moins cher qu’en France.

Est-ce que c’est décent ?  Est-ce qu’un humain mérite ou devrait vivre avec si peu ? En tout cas, les grandes marques n’y voient aucun problème car la plupart de nos vêtements sont fabriqués en Asie.

 

Un tee-shirt à 10€, un jean à 20€ ou 30€, est-ce tolérable ? Avec le temps et le modèle économique de la fast fashion, ces prix nous paraissent normaux, acceptables. Et pourtant nous ne devrions pas, enfin, le problème n’est pas le coût final mais surtout les marges et la répartition du prix de vente qui n’est pas équitable.

 

Suite à une enquête d’Oxfam Australie, auprès des salariés du textile au Bangladesh et au Vietnam, 9 salariés sur 10 estiment qu’ils ne peuvent pas subvenir à leurs besoins avec leurs revenus. 

 

Malheureusement, les enfants ne sont pas épargnés, source E-book Oxfam – Fast Fashion (p. 17) : 

“ Le travail forcé et le travail des enfants sont répandus dans les chaînes d’approvisionnement du textile, des pratiques assimilées à de l’esclavage moderne dont l’industrie de la mode serait l’un des plus importants contributeurs. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 15% des enfants âgés de 6 à 14 ans issus des bidonvilles de Dacca, au Bangladesh, exercent un travail à temps plein dans l’industrie textile. Passés 14 ans, cette proportion passe à 50%. Déscolarisés, ces enfants travaillent parfois 64 heures par semaine pour 30 euros par mois.”

 

S’affranchir des droits des salariés

 

Les grandes marques choisissent ces pays pour des raisons très simples : le coût de la main d’œuvre est (beaucoup) moins onéreux, il n’y a pas de syndicats pour défendre les intérêts des salariés et pas de code du travail. Qui dit pas de code du travail et pas de syndicats, pas de protection particulière pour la santé des salariés, donc (presque) aucun problème pour employer des produits chimiques toxiques.

[* Des éthoxylates de nonylphénol ? Des colorants azoïques ? des phtalates ? Oui j’ai l’habitude, j’en mets tous les matins dans mon café ! *]

 

Autrefois, on utilisait des teintures végétales et naturelles, aujourd’hui la coloration se fait principalement avec des produits chimiques. Ces nouvelles teintures synthétiques emploient des métaux lourds, des acides, et autres substances très sympathiques, qui peuvent entraîner sur le long terme des problèmes de santé, comme des cancers ou des dérèglements hormonaux. 

Ce n’est pas tout, l’effet délavé ou déchiré sont des traitements et des techniques toutes aussi dangereuses pour la santé des employés du textile.

 

[* Le Graal *] Les marques bénéficient d’une immunité quasi-totale, car ce ne sont pas elles qui embauchent directement les salariés, mais des filiales ou des sous-traitants étranger. Elles sont donc affranchies de toute responsabilité en cas d’incidents ou d’injustices sociales. Hors, ce sont les marques qui sont décisionnaires et choisissent leurs sous-traitants.

 

Même si la sécurité des salariés s’est sensiblement améliorée depuis l’effondrement du Rana Plaza en 2013, il y a encore énormément à faire pour garantir un salaire décent et des conditions de travail acceptables, respectant les droits des salariés.

 

J’avais dit dans l’un de mes premiers articles, que j’avais un rêve, qu’un jour les grandes marques du textile changent. Le premier changement serait déjà d’afficher au grand jour les conditions de travail de leurs salariés, de savoir où sont produites chaque pièce, par qui et quelles sont les conditions de travail, de la transparence quoi… L’industrie du textile est encore très opaque sur les conditions de travail de ses salariés et son impact environnemental.

 

Si vous vous sentez concernés par ces thématiques, n’hésitez pas à partager les articles sur les réseaux sociaux et autour de vous, pour sensibiliser votre entourage sur ses sujets, car cela nous concerne tous.

Laisser un commentaire