La mode écoresponsable et éthique mérite son happy end, et c’est en bonne voie
La mode éthique c’est des marques, et surtout des personnes, engagées, motivées, mais parfois rattrapées par le quotidien, d’un monde hyper capitalisé, aux tendances éphémères, où influencer le consommateur à dépenser toujours plus est devenu un mantra. Mais au détriment de qui ou de quoi ? Du besoin, du style, de la planète et des petites mains qui fabriquent nos vêtements.
Les passions, motivations et difficultés d’une marque de mode éthique et écoresponsable
Ce petit séjour parisien a été très enrichissant, instructif et parfois “flippant”. Oui “flippant”, car un projet que l’on porte seul sur ses épaules est un lourd fardeau, mais dans la mode éthique/écoresponsable, c’est le monde que l’on a l’impression de porter sur ses épaules.
Rencontrer des personnes du milieu, mettre des visages, des voix et des personnalités m’a fait un bien fou, moi qui suis 90% du temps derrière mon écran.
J’ai rencontré divers profils, diverses personnes, mais le même constat : c’est un véritable combat contre soi-même, nos limites et celles de notre société.
Les difficultés sont différentes, mais tout n’est pas noir, il y a de grandes motivations et des aspirations communes : être libre, engagé, vivre de sa passion et proposer une alternative de qualité et stylée.
Les vêtements que j’ai pu voir et toucher sont d’une très belle qualité et très créatif, ils n’ont rien à envier aux vêtements de grandes enseignes. Sauf peut-être une chose : le prix. Ils ont fait le choix de n’exploiter personne et d’utiliser de belles matières pour fabriquer leurs vêtements (matières écologiques, upcycling ou stocks dormants de grandes maisons).
Qui dit mode éthique et écoresponsable, dit salaire décent et production plus locale.
Un français est payé, parfois, 100 fois plus de l’heure que certains salariés de pays d’Asie. Grand maximum, nous sommes d’accord, mais quand même, l’écart est souvent important, le salaire moyen en Asie est de 601$ (soit 558,91€, en 2019) par mois, en France le salaire moyen net est de 2448€ (en 2019).
Pourtant les prix sont encore incompris ou difficilement abordables, surtout en période d’inflation. Je comprends, malheureusement quand on est habitué à trouver des t-shirts à 10€ dans les grandes enseignes, pas étonnant qu’un t-shirt français à 60€ vous paraisse exorbitant.
Toutefois, le changement doit venir à la fois de la loi, des industries, mais aussi de nous. On a besoin de nous, le peuple, pour remettre les choses à l’endroit, réduire les discriminations, et ça commence par la mise en avant d’alternatives et de créateurs HYPER COOOOOOLISSIME.
Voici une petite présentation des créateurs que j’ai rencontrés, et des marques que j’ai pu voir.
40C
J’ai commencé mon séjour par un tour au Pop-up Store : 40C, où des marques membres de l’association Fashion Green Hub se sont réunies pour ouvrir ensemble une boutique éphémère.
Vous pouvez retrouver la boutique 40C, au 40 rue Condorcet, jusqu’au 25 juin.
Baroudeuse : des combinaisons et des kimonos intemporels, en tissus upcyclés à partir de stocks dormants, confectionnés à Paris en série limitée. Une marque qui se veut inclusive, intemporelle et respectueuse.
Noun : foulards ethniques, éthiques et engagés. Les foulards sont fabriqués en Espagne, c’est la rencontre entre deux cultures : africaine et française, inspirés du Ndop, une étoffe camerounaise emblématique du pays Grassfields.
Arkhé Paris : est-ce que je dois encore vous présenter la marque ? Ahaha, j’ai déjà collaboré avec la marque de Guillaume, cf le magnifique réel du 24 mai. Arkhé est une marque de t-shirt écoresponsable et solidaire, le coton vient de Grèce, le tee-shirt est confectionné en France dans des ateliers d’insertion, puis il est brodé à Amiens. À chaque achat, 5€ sont reversés à une association, 1 animal totem = 1 association.
Nuances de flow : vêtements intemporels, fabriqués en Inde, tout en garantissant la sauvegarde des savoir-faire des locaux, maîtrise de la teinture végétale, coton kala ou biologique certifié GOTS, vêtements fluides, couleurs douces.
Cerceau : pantalons produits à la commande et hauts réversibles en prêt-à-porter. Tissus upcyclés, provenant de grandes maisons de couture. L’objectif de la marque est de faire durer le vêtement, donc l’ourlet est cousu en fonction de la longueur de jambe. Puis il est possible de réparer ou transformer le pantalon, s’il ne convient plus dans les années qui suivent.
La partisienne : maillots-de-bain, bustiers, chemises, sweat et sous-vêtements fabriqués en France. Tissus upcyclés, à partir de stocks délaissés par des maisons de couture ou grandes enseignes françaises. Les maillots de bain sont en coton, sans élasthanne, pour éviter le rejet de fines particules plastiques dans les océans.
Atelier soliac : vêtements (hauts, robes et bas), fabriqués en France, à côté de Marseille dans un atelier d’insertion. Tissus fabriqués dans un rayon de 3000 km autour de la France, 100% matières naturelles certifiées GOTS ou Oeko-Tex. Les vêtements usés de l’Atelier Soliac sont récupérés pour en faire de nouveaux vêtements.
En tout cas : vêtements féminin demi-mesure, intemporels, fabriqués en France, à partir de stocks dormants. L’objectif de la marque est de réduire au maximum le gaspillage de tissus et de se rapprocher au plus près de nos besoins. Pourquoi demi-mesure ? Car on peut composer son modèle et choisir les couleurs.
Maéli : spécialisée dans les sweats et haut en mini séries upcyclé, à partir de chutes de rideaux. La base du sweat est tricotée en France. Marque engagée et soucieuse de l’environnement. Pour aller plus loin, la marque vend des patrons pour reproduire son sweat Simone et propose des ateliers pour apprendre les bases de la couture.
Marthe Paris : robes personnalisables, avec choix des finitions : 2 types de robes, 3 cols, 2 longueurs de manches, deux longueurs. Une partie des tissus est upcyclé, l’autre partie est fabriquée dans le Tarn. Une marque qui veut proposer des pièces intemporelles pour toutes les saisons et occasions.
Pauz.fr : pièces estivales en tissu éponge, robe, jupe et chemise, pour être confortable en toute occasion.
DanceFiber : vêtement pour la danse et pour le sport, faciliter le quotidien et être portés en toute situation. Fabrication française et italienne, avec des matières premières certifiées GOTS, en coton biologique ou en laine.
Aptaé : tops, jupes et robes réversibles. Tissus upcyclés, vêtements fabriqués en France dans le 93, dans des ateliers d’insertion. Le vêtement réversible pour laisser plus de liberté à la personne qui le porte, pour changer au fil des moments de la journée.
Ediegrim : tous types de vêtements, spécialisé dans les manteaux et les vestes. Les manteaux sont confectionnés dans les ateliers de la marque à Roubaix. Les tissus viennent de l’ancienne entreprise familiale. Il est possible de choisir la coupe du manteau, les matières intérieures et extérieures.
Vanmeyer : chemises unisexes, courtes et longues, fabriquées en France à partir d’anciens draps (upcycling). Les chemises ne sont pas faites pour être tendances, mais pour durer dans le temps, et sortir du cercle infernal de la fast fashion.
Akho : vêtements homme et femme, en série limitée, numérotés à la main. Tissus issus de grandes maisons provenant de stocks dormants. La marque fonctionne sous forme de pré-commande, les vêtements sont fabriqués dans 3 ateliers différents à côté de Porto au Portugal.
La boutique a été aménagée avec beaucoup de goût, d’élégance et de simplicité, c’est un vrai plaisir de découvrir les marques dans cet environnement. Les portants sont harmonieux et les marques s’entremêlent pour proposer de jolis looks.
On retrouve aussi des livres, à la vente, avec les ouvrages d’Audrey Millet, de Catherine Dauriac, et de SloWeAre. Il y a aussi des créations photographiques et artistiques.
Bref vous l’aurez compris, c’est une jolie expérience à vivre.
Apéro
Dans la même journée, j’avais proposé à quelques créateurs et créatrices, avec qui j’échange régulièrement, de se rencontrer autour d’un verre.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Lise de Vedette et Nawel de TamR. Les personnes qui n’ont pas pu venir, ce n’est que partie remise ;).
Ce que l’on peut dire, c’est que ces personnes ont le feu et leur marque aussi.
Vedette : tous types de vêtements, mêlant contemporain et rétro. 75% des vêtements proposés par Vedette sont faits à partir de tissus existants, de stocks dormants, pour éviter de jeter et de gaspiller ce qui existe déjà. Tout est fait dans les ateliers parisiens, le but est de rendre l’upcycling : qualitatif, haut de gamme et durable.
TamR : une combinaison 8 en 1, rien que ça. C’est une combinaison totalement modulable, qui peut se transformer en : combi short ou pantalon, manches longues ou manches courtes, il est possible de séparer le haut du bas pour faire un short ou un pantalon et une veste (manches longues ou courtes). Bref, une multitude de possibilités pour un seul vêtement, le tout avec un style vintage et industriel comme on aime. Le tissu est en matières recyclées, c’est un mélange : coton et polyester recyclé. La combinaison est fabriquée en France.
La dernière rencontre
J’ai terminé mon petit séjour avec la rencontre de la pétillante Julia, créatrice de la jeune marque de bijoux Honeth.
Honeth : bijoux minimalistes, stylés et raffinés. Les bijoux sont fabriqués à partir de métaux recyclés ou d’excédents de stocks, en Argent ou en plaqué Or Vermeil. Ils sont conçus et recyclés en Île-de-France, puis direction Lyon pour la fabrication. Il est aussi possible de recycler les anciens bijoux Honeth, pour leur offrir une seconde vie.
Nous n’avons pu échanger que 40 min (c’est précis), mais c’était une super rencontre, je sais que l’on pourra échanger à nouveau, et j’ai hâte de découvrir les prochaines créations de la marque.
CONCLUSION
ON A ENCORE DU TAFF.
Surtout quand on voit qu’une boutique éphémère, SHEIN, ramène autant d’adolescentes. #PLS
La volonté de ces créateurs et créatrices est de proposer une mode qui s’adapte à nous, notre quotidien, en proposant des pièces créatives, stylées, éthiques et responsables. Elles évitent le gaspillage ou proposent des pièces qui respectent toute la chaîne de production. Ça fait beaucoup, c’est de l’espoir et c’est surtout hyper cool.
Il faut beaucoup de courage à ces créateurs et créatrices pour arriver à se démarquer, à se faire connaître, tout en proposant une alternative écoresponsable à la fast fashion.
Il y a encore du chemin, mais c’est ensemble qu’elles pourront y arriver, en s’entraidant, en parlant des uns des autres, en communiquant, en réalisant des partenariats entre marques pour montrer tout leur potentiel.
Tous les acteurs et actrices de la mode éthique et écoresponsable doivent travailler ensemble, c’est certain, pour être l’alternative de la mode de demain.
Si tu veux connaître d’autres marques de mode écoresponsable, rdv sur mon annuaire ici.
Lucia
Merci Marion! Après lecture de votre article on y croit encore plus au chemin que nous avons entrepris 🙂 Lucia, créatrice de DanceFiber